samedi 23 juin 2012

AUX PORTES DU TIBET

China part III : Sichuan



Région du Kham tibétain : (Xiangcheng, Litang, Xinlong, Ganzi, Manigango, Dégé, Baiyu, Luhuo, Tagong, Kangding... )

AUX PORTES DU TIBET










Beaucoup de choses dans ce post car je suis resté un long moment à voyager loin de tout : juste avec les montagnes, l'altitude, les yaks, les Tibétains et ma bicyclette.
Et moi... moi qui pédale à travers les cols, sur les pistes défoncées, sous la pluie ou le soleil, au gré des paysages grandioses et des rencontres avec des gens d'un autre monde.








Monastère de Xiangcheng

Plus de trois semaines sur la route, intenses, trois semaines d'aventures, souvent difficiles mais trois semaines inoubliables où il s'est enfin passé certaines choses que je voulais vivre pendant mon trip : comme le détachement complet de mes habitudes, juste le voyage, tout oublier pour vivre l'instant présent, ne pas avoir de notion de temps, avoir un contact fort avec la population, découvrir sans arrière-pensée, être en paix avec les autres et avec sois... pas si facile à obtenir tout ça mais je m'en suis approché!!! 


Mais aussi se sentir isolé, seul et loin de tout, grâce à un effort physique et moral considérable... car je crois bien qu'il faut en baver un peu pour arriver à ressentir certaines choses!!

L'intérieur des monastères : toujours très élaborés et un peu flamboyant!!


Dorjé mon pote




Alors pourquoi ai je ressenti des sensations, des émotions particulièrement fortes, une sorte de plénitude ??
Peut-être m'a t'il fallu tout ce temps de voyage (déjà 6 mois) pour me sentir vraiment dedans, loin de ma vie d'avant?
Ou aussi les conditions un peu rudes de ce périple, le fait d'en baver, ont contribué à me faire vivre autres choses?
Ou est ce que ces montagnes et ce peuple un peu mystiques m'ont permis d'être dans un état d'esprit différent?
Ben, surement un peu de tout cela à la fois!








 Donc, il est impossible pour moi de tout raconter, tellement ces moments furent riches, tout d'abord parce que j'ai un peu la flème d'écrire (ça doit être l'altitude!) et puis aussi je garde des choses à dire à mon retour...
Mais surtout, parce que j'ai vécu beaucoup de moments que je n'arrive simplement pas à décrire tant l'atmosphère en était spéciales et qui sont aussi du coup assez personnel.




Scène de vie au alentours du monastère.

Alors je vais mettre beaucoup trop de photos mais pas trop beaucoup de textes!!
Juste un petit résumé et mettre des commentaires aux photos si je suis inspiré..


Mais cette partie du voyage est sans aucun doute la plus riche et la plus exaltante que j'ai eu jusqu'à présent, j'ai été surpris et fasciné par les Tibétains, par leur mode de vie et leurs environnements. Un jour, surement, je reviendrai et alors je traverserai le Tibet de part en part tant cette région et ce peuple sont uniques.


Le beau monastère de Litang


L'intérieur, immense, remarquez le petit moine...




Pourtant, tout avait mal commencé, le jour après avoir quitté Shangri là, je tombe malade, une maudite tourista bien violente, je reste donc comme un con, perdu dans la forêt 2 jours,2 nuits entre coliques douloureuses et passages au petit coin. Impossible de continuer dans cet état, je décide donc de faire demi-tour le troisième jour sous la pluie... sans jeu de mots, trois jours bien merdiques... 
Je n'ai rien mangé depuis que je suis parti et c'est très affaibli et après un gros effort que je rejoins en pédalant, le confort de Shangri la.






 Pendant que je me refais une santé et que je me remotive encore une fois, je rencontre Tom et Greg, deux cyclos belges qui vont tenter de rejoindre Lhassa sans permit en passant les postes-frontières de nuit, la tentation pour moi est grande de les suivre sur cette route du Tibet, on s'entend bien et j'hésite mais mon visa expirerait trop tôt pour cette aventure... 
J'espère pour eux qu'ils vont y arriver! ils ont déjà bien baroudés.. allez voir leur site : les globules trotters
Pendant cette période, le mauvais temps s'installe, il pleut sans discontinuer et n'étant pas encore à 100%, je décide de monter dans un bus jusqu'à la prochaine étape, Xiangcheng.


tournicota...
Tournicoti....
repos pour les pèlerins à Litang

Visite du monastère puis nuit dans un hôtel minable, le lendemain je rejoins Litang avec Dorje, un moine chauffeur trafiquant de pots de yaourts et accessoirement membre de la DDE local !!!
Il pleut toujours mais moi je vais nettement mieux, youpi!!! mais dommage car la route est splendide, tant pis c'est comme ça...


 À partir de là, je pénètre dans un autre monde, un monde résolument Tibétain (2 dalaï-lamas sont nés ici à Litang), je reste un jour dans cette ville connue pour ça fête du cheval (pour une idée de l'ambiance : cheval litang )



Je reste  en compagnie de Christo, un Francobelgobulgare complètement déjanté, en tong a 4000 m, et qui est là depuis une semaine, ce sera le dernier Occidental rencontré sur ma route, après, plus un blanc à l'horizon pendant longtemps...






Jet de petites prières
 au sommet des cols

Camp de nomades








Gogo gadget aux bras :
 Francis et Albert au sommet d'un col







Litang, ville poussiéreuse, hyper animée mérite une petite pause car c'est un peu le far west ici, c'est une ville de fou, perchée à 4000 m, à 90% Tibétaine, ici ce n'est plus "Ni Hao" mais "Tashi Deleh" le bonjour tibétain... 




Je me sens comme dans un autre pays. D'abord le monastère, bien vivant et bien grand, impressionnant, beaucoup de moines, des statues énormes... mais c'est surtout la présence des Tibétains qui déambulent en récitant des mantras et tournant leurs moulin à prières qui est forte. Ils semblent être comme dans un autre monde tant leur dévotion est grande.
Je passe la journée à regarder ces gens complètement fasciné.




 Car les Tibétains sont extravagants, ils sont à la fois cowboys et Indiens, c'est à celui qui portera le truc le plus loufoque, du plus mauvais gout, pas de mode ici, chacun la sienne... 
Hommes et femmes sont comme déguisés : Couvre-chef divers, casquettes américaines, bonnets, moumoutes, cheveux longs au vent à l'indienne, tignasses emmêlées, chapeaux de cowboys, lunettes de soleil, dents en or, bottes en cuir, baskets roses, vestes en peau de yak avec manche jusqu'au genoux, tabliers brodés, robes traditionnelles, jeans slim, robes en cuir, gilets en peau de mouton... bref impossible de tout décrire, c'est le carnaval, du grand n'importe quoi...


 Ces visages aussi, certains sont noirs, de soleil ou de crasses, on ne sait pas trop, d'autre on les joues brulées par le soleil, les vieux ont la peau ridée comme jamais... et ces hommes sur leurs motos, décorées elles aussi, avec franges et tissus, telles des montures des temps modernes (encore quelques un aussi en chevaux), bref des gens atypiques, beaux et fiers comme des Tibétains!!




route bien sympa


Village tibétain typique perché a flanc de montagne

Détails des petites fenêtres.. l'architecture des maisons est très travaillée et plutôt jolie



Fifi et Riri, deux moines qui m'ont rendus visite

Il est impossible de décrire l'ambiance qu'il règne dans cette ville, alors je n'essaye même pas, mais la culture tibétaine y est incroyablement forte, malgré la présence de la police chinoise assez importante ( genre CRS) à certains carrefours, (en effet, ce serait un des endroits les plus chaud de la contestation tibétaine)
C'est vrai que les hommes font un peu bandit/guerrier, impressionnant mais loin d’êtres méchant, au contraire, ils ont de la gueules quoi, enfin je ne me suis pas trop amusé à les prendre en photos!
 C'est vraiment un peuple à part mais je vais m'y habituer... car toutes les autres bourgades que je vais traverser seront un peu de la même trempe...

petit village et petit monastère

Des rivières gonflées par les pluies

La famille de tailleurs de pierre qui ma offert ma première tsampa, délicieuse..




La météo n'étant pas pire, il est temps pour moi de reprendre mon biclou, objectif, rejoindre Ganzi via Xinlong, une petite route qui relie les deux axes du Sichuan qui vont au Tibet, à ma grande surprise, c'est plutôt une piste qu'une route! Trois jours de vélo avec deux cols autour de 4500 m.
Une première partie dans les immenses steppes d'altitudes où je côtoie les yaks et les tentes des camps estivaux tibétains, on se croirait en Mongolie... 
La deuxième partie est plus encaissée car je suit la vallée du Yalong Jiang, encore un fleuve au débit impressionnant, forêt et alpage alternent avec de beaux villages typiques, ici ça ressemblerai plutôt à la Suisse! 







Je me prends bien quelques averses et il y a beaucoup de kilomètres à faire mais je suis à bloc, rien ne peut m'arrêter, j'ai une patate et une motivation énorme.. sais pas pourquoi mais j'en profite!!!
 Je passe de belles journées et de beaux bivouacs car rouler ici est une expérience formidable. J'ai les yeux écarquillés en permanence tellement il y a de choses à voir, car au-delà du paysage et de la puissance de la nature, il y a l’omniprésence de la culture tibétaine : drapeaux de prières qui jalonnent la route, stupas, monastères, moulins à prières... il y en a partout.
 Et ces gens, chapelet à la main, marmonnant des prières, qui à toute heure de la journée déambulent. Souvent je m'arrête et fais comme eux, effectue mon petit pèlerinage en tournant dans le sens des aiguilles d'une montre autour de ces édifices, et là, les rencontres sont formidables...


Yak, yak,yak...

Khama et ça fille, qui m'a invité à dormir chez lui

Ils sont complètement dingues des drapeaux à prières!!!

























Toutes les personnes que je croise sont gaies et sympathiques, on m'invite souvent à m'arrêter pour discuter et boire de l'eau chaude ou du thé et aussi parfois on me propose de manger ou même rester dormir mais souvent je refuse car je ne ferais que ça !!!


Que ce soit un vieillard édenté assis sur le pas de sa porte, un moine à fond en moto, un jeune ouvrier en camion, ou une paysanne qui marche le long de la route, c'est à chaque fois avec un grand "Tachi deleh", signes de la main et grand sourire qu'ils m'interpellent. Ce peuple est le plus accueillant et avec qui je me suis sentis le plus à l'aise de tous ceux que j'ai rencontrés. Ils sont simples et heureux de vivre malgré les conditions extrêmement rudes qu'ils doivent subir.








On the road !!


Bibi et sa monture.. devant le massif de "cho la"


J'arrive à Ganzi, bourgade du même style que Litang, je ne mis attarde pas, y passe juste une nuit dans une chambre dégueu, je refais le plein de provisions pour quelques jours et repars de plus belles. Après de brefs calculs, je décide de ne pas rejoindre la province du Qinghai et Xining initialement prévus car ce serait un peu juste en timing, les distances sont tellement énormes et la route paraît bien difficile. Je préfère faire une boucle dans cette région qui me plaît bien, puis rejoindre Chengdhu.


 Je pars donc en direction du massif de "Cho la" qui culmine à 6300 m, pour en faire le tour et m'approcher encore plus du Tibet. Le premier soir, alors que je m'apprêtai à planter la tente, une moto arrive, c'est Khama et sa petite fille, il m'invite à aller dormir chez lui. Ok, ni une ni deux je me retrouve dans sa petite maison où on me gave de thé au beurre de yaks et de tsampa, le plat classique des Tibétains (farine d'orges grillée que l'on mélange, avec les doigts, au beurre de yaks et que l'on arrose de thé) jamais rien mangé d'aussi bourratif!! mais c'est bien bon...
Soirée agréable en famille, juste ces fils, ados, un peu excités par ma présence et qui ne me lâche pas la grappe! mais je peux observer à loisir leur vie de famille...


Des beaux paysages, des grands paysages....

bibi content

Test du vélo




Envers du décor :



Contraste: pèlerins se prosternant à chaque pas sur une route en construction!




Je ne vous montre que de belles photos mais tout n'est pas nature sauvage et grand espace inviolé, malheureusement.. Car même dans les coins les plus reculés: des routes, des lignes à hautes tensions immenses, des ponts, sont en construction, le développement, en Chine comme dans les autres pays d'Asie que j'ai traversé, bat son plein, au détriment de la protection de l'environnement. C'est pas un scoop mais quand on y est ça fais vraiment mal.
 Il y a donc, comme partout, de plus en plus de grosses cicatrices irréversibles sur ces belles montagnes.

Et je ne vous montre pas non plus les déchets qu'il y a partout, j'ai vu des camions-bennes déverser leurs chargements de détritus dans les torrents, les rivières sont des véritables poubelles, tous le monde balances les déchets n'importent où... et il y en a des emballages : les gens consomment ici, à fond, et tout est fait pour consommer!! c'est un peu les boules mais c'est ça aussi la chine... 

Ou encore, ces camions, par centaines, parfois à la queuleuleu, qui transportes pour la plupart du temps que de la terre ou des cailloux!! il y a plus de camions sur les routes ici que d'autres véhicules, on dirait qu'ils font joujoux à déplacer des pierres et de la terre d'un endroit à l'autre... c'est un peu un chantier permanent!!

Voilà, j'ai tendance à ne pas montrer et à ne décrire que ce qui est beau et sympa, mais il y aurait autant et peut être même plus à dire sur "l'envers du décor" et les revers de ces sociétés consommatrices et sans scrupules.

Défilé de camions sur les pistes boueuses


Aller, stop, retour aux grands espaces!! c'est quand même mieux...




non loin du col de "tro la" à quelque 5000m


Ensuite, quelques étapes de montagne comme pendant le tour de France! et surtout le col de "Tro la" avec ses 5050 m! le point le plus haut de mon parcours, avant de rejoindre Dégé. Superbe ambiance de montagne et là encore, des grosses journées mais quelle expérience de pédaler à ces altitudes, comme si je faisais du vélo au sommet du mont blanc!! 
 Bizarrement, je ne galère pas trop, je suis essoufflé bien sur, mais en forme, je pense être hyper bien acclimaté (voila plusieurs semaines que je me trouve au-delà des 3000m et bientôt 4 mois que je pédale!). Ce n'est pas tant l'effort physique qui est dur mais plutôt la pluie et la grêle que je me prends de temps en temps et qui rend la piste (peu de bitumes ici) boueuse et difficile. En effet un peu chiant ce temps, pas un jour sans pluie et beaucoup de nuages qui me cachent un peu les sommets, bien dommage mais la saison des pluies commence...
Les bivouacs aussi, sont froids et humides, en fait je suis un peu limite en matos mais je sais pas, à d'autres moments j'aurais craqué depuis longtemps mais là ici, je pense que j'aurais pu tout surmonter!!

ouhh!!! la belle descente !!


Joke lee à donf sur son bike

petite pause devant un chorten











Le jour avant Dégé, je rattrape Joke lee, un jeune cyclo chinois qui va à Lhassa, on reste 2 jours ensemble avant que nos routes prennent des chemins différents. C'est bien cool d'être avec un Chinois, c'est quand même plus facile! 
Journée de repos à Dégé : on se fait des festins, et grâce à Lee j'arrive à me laver dans les douches publiques de la ville, la première depuis au moins 10 jours, ben ça fait pas de mal, car ici l'hygiène n'existe à priori pas, tout est crade, je ne rentre pas dans les détails, faut le voir pour le croire... mais on s'y fait, enfin faut bien!

Joke lee en ardéche..

Fais pas la gueule quoi.. ouais mais suis fatigué!!!

Séance
 détente chez les moines



Les hauteurs de Dégé



On visite aussi la lamaserie/imprimerie, prestigieuse car elle serait, avec le Potala de Lhassa, un véritable conservatoire de la culture tibétaine car elle renferme 70% de sa littérature. Tous les jours les moines impriment manuellement les planches de textes sacrées tibétaines. Et je reste aussi longtemps à regarder la circumambulation des gens autour du monastère, et comme d'habitude des échanges extra se crées avec les pèlerins et les moines.
Déambulation devant la lamaserie de Dégé




Kora autour du monastère


 pinpin...
Pélerin...









Pas d'age pour déambuler








Le lendemain, je quitte Lee après 20 km, lui traverse le fleuve qui marque la frontière avec le véritable Tibet, tandis que moi je vais le suivre toute la journée jusqu'à Baiyu. Pas de col, mais 100 bornes sur une piste de merde qui me demande du fil à retordre... très éprouvante tantôt boueuse tantôt poussiéreuse mais toujours défoncée!!
 Comme souvent dans ces moments difficiles, je pose le cerveau, me met du bon son (brut pour les truands) dans les oreilles et pédales, pédales... 
3 crevaisons et un orage plus tard, j'arrive enfin à Baiyu peu avant la nuit complètement trempée et exténuée.


De l'autre coté du fleuve, c'est le vrai Tibet...
Re test du vélo

Baiyu ou Peyul en tibétain, il y a toujours 2 ou 3 noms différent pour chaque endroit, un peu chiant...



Je me trouve un lit miteux, et je ne comptais pas rester une journée ici mais la citée et le gompas accroché à la montagne, sont tellement vivants qu'un jour de repos ici est bien plaisant. La spécialité du monastère ici est l'enseignement de la médecine traditionnelle tibétaine.









on se relaxe

on papotes











Il y a ici peut-être plus de moines que d'habitants, c'est complètement magique, je me retrouve parmi eux, en étant le plus discret possible, pas évident, certains viennent essayer de me parler, on se promène ensemble, bref, on échange comme on peut...
Je n'ose pas trop prendre de photos mais je m'en fout, ces images et ces émotions resteront dans ma tête. Cet endroit est tout simplement incroyable. Il ne doit pas y avoir souvent d'étranger par ici, cette ville est tellement isolée (pas de bus régulier), et difficile d'accès.
 Mais tant mieux pour eux et pour moi aussi... suis comme sur un petit nuage et me demande si je ne vais pas me faire moine!!













Des fungus Caterpillars : ce sont des larves de chenilles infectées par un champignon, assez rares et difficiles à trouver. Elles poussent uniquement en altitude, sur le plateau tibétain et juste en ce moment, au printemps.
 Très prisés par la médecine traditionnelle, aux vertus sois disant multiples (aphrodisiaques, anti cancéreuse...), c'est le gros business tibétain qui peut représenter jusqu'à la moitié de leurs revenus annuels, mais aussi certaines tensions car on vient de partout pour prélever dans les steppes ces précieuses bébête...
 Tous les Tibétains rencontrés m'en montrent, c'est l'effervescence et la grosse activité du moment : dans les alpages, on les cherches et en ville, c'est le commerce, on marchande, on négocie....



Inspection de mon matos, ils adorent mon vélo et mon réchaud,
alors ça ils n'en reviennent même pas!!

 En fait, je suis un peu juste en matos, me suis racheté gants et doudoune qui m'ont bien rendus services, mais je n'ai pas grand-chose contre la pluie, juste un super poncho qui me sert bien.
Par contre ça, je suis léger, je n'ai par exemple que la toile extérieure de ma tente et un seul arceau, mes bâtons de marche remplacent l'autre, et le poncho me sert de tapis de sol,hop, le tour est joué, c'est light, très bien, mais un peu juste quand même dans le mauvais temps!!



Trois yaks sinon rien..


Un moine qui m'attendais en haut d'un col

Un petit air de Mongolie avec ces genres de yourte disséminées partout..

Troupeaux de yaks..


Séchage des bouses de yaks, seul combustible du coin, les arbres sont loin!!!

C'est l'heure de la récrée pour les moines..

Ca va, il y a de la place pour planter la tente..


Grands espaces!!!


Petites tibétaines


 De Baiyu, plusieurs jours à rouler autour des 4000 m, avec de la pluie, du beau, du vent, des petits villages perdus, des camps de nomades et des cols magnifiques.
 Un soir je m'arrête non loin d'un camp pour y bivouaquer, mais j'ai à peine le temps de m'arrêter que Zhaka et son pote m'invitent à passer la nuit chez eux, je n'hésite pas longtemps, il se met a pleuvoir et ils ont des bonnes bouilles.
 Je me retrouve donc en pleine traite de yak effectuée par les femmes tandis que les hommes essayes mon vélo et regardes très curieux mon matériel.
 Cette fin d'après-midi et la soirée passées en leur compagnie furent très riches pour moi. Leur accueil fut sincère et j'ai rarement vu un sens de l'hospitalité aussi fort, (au Yémen, peut être ) car ce sont des gens qui n'ont rien mais qui donneraient tout à celui qu'ils hébergent. 
Malgré la barrière de la langue, leurs curiosités, leurs respects et leurs gentillesses ont permis des échanges fort entre nous, simples mais difficiles à décrire.
 Ils me gave aussi de leurs produits : beurre de yak délicieux, crèmes, et yaourts, après plusieurs mois sans produit laitier, j'ai du manger en une soirée l'équivalent d'une livre de leur beurre de yak, (maintenant je m’achète de la tsampa et du beurre et ne mange plus que ça c'est très pratique, énergétique et bien bon! ).
Mode de vie intéressant, semi nomade, leur habitat change en fonction des transhumances, rythmés pas les saisons, et il tourne essentiellement autour de leurs yaks.




Zhaka et son pote

Pas mal ton biclou..
L'heure de la traite


Toute la famille




Là encore, autour du poêle, assis à même le sol, une atmosphère bien spéciale, car ils marmonnent leurs prières en permanence et parfois un long moment se passe avec juste ces murmures et le bruit des chapelets qui défilent entre les doigts..


Bref, il y aurait beaucoup de choses à dire, juste quelques anecdotes pour ne citer que celles-ci parmi tant d'autres :


Le moment de rassembler les yaks pour la nuit : tout le monde sort et part chercher les bêtes sur les flancs de la montagne. Hommes, femmes enfants poussent des cris de ralliements, avec des sortes de lances pierres qui servent pour rattrouper les yaks, puis on les attaches ou on les enfermes dans des enclos pour la nuit. Puis on lâche les molosses (qui ne font pas rire) pour protéger les yaks des grands méchants loups qui seraient nombreux par ici...


Ou encore quand j'ai rendu visite au voisin, une famille pouilleuse, avec un moine dans un coin, récitant des mantras inlassablement, moulins à prières dans une main et chapelet dans l'autre, assis en tailleurs en pleine méditation et qui ne m'a même pas décroché un regard.



Chacun, aussi portent un pendentif caché dessous leur pull, ou est accroché une petite photos du Dalai Lama, qu'ils me montrent discrètement et fiers.


Cuisine équipée
Le pré-machage de la nourriture pour les enfants (les adultes mâches le riz, par exemple, dans leur bouche et le redonne aux enfants directement de bouche-à-bouche), ils sont aussi très tactiles surtout envers les mômes, se font des bisous sur la bouche, s'endorment les uns sur les autres... 


Il y a aussi la crasse, présente partout car ils vivent dans la terre et les crottes de yaks, et il fait surtout trop froid pour se laver !!
 Mais bon, c'est une crasse moins dégueu je trouve que celle de la ville non?? 


Chacun aussi a son petit bol dans sa poche et le sort pour boire le thé ou manger.
Les enfants font ce qu'ils veulent, se brûlent sur le poêle, se roulent par terre... mais sont hypers autonomes et se débrouillent très bien tout seul...




 Toutes ces coutumes, et ces moeurs si loin des nôtres qu'il en ai presque difficile à croire, difficile à croire aussi que l'on peut vivre, dans des conditions si rudes, sans rien... mais heureux quand même!!







L'heure du petit déj..












 Le lendemain je décolle tard, seulement en fin de matinée pour profiter encore un peu de mes hôtes.
Ce fut dur, j'ai hésité, ils m'accompagnent même jusqu’à la route et me proposent de rester encore, j'ai bien envie mais ne veux pas abuser de leur gentillesse, c'est peut être une connerie, sais pas..


Un long chemin m'attend, et un temps toujours médiocre, mais pour l'instant il pleut plutôt la nuit, seules quelques petites averses en journée, juste les sommets qui sont bien bouchés!!
 J'avance d'abord dans des larges plaines puis un haut col ce profil à l'horizon mais je suis fatigué, il sera pour le lendemain, je bivouac au pied.


Piste de merde!!


Famille d'éleveur en cours de transhumances..

Je vais me prendre une averse!!!


Mon appareil photo tombe en panne de batterie, à force de montrer les photos aux gens, juste après le dernier col à 4800 m. Très alpin, magnifique et sous le soleil, qui me permet de basculer dans la magnifique vallée de Yalong, dommage car c'est une des plus belles que j'ai parcourues, abrupte avec des falaises calcaires immenses dignes des Dolomites... Tant pis, pas de photos pendant deux jours avant de rejoindre la route 317, axe Sichuan Tibet.


Dernier très haut col de mon périple, 4800m
Il pleut il pleut Bérengère..





Bivouac bien cool

 J'espérai retrouver une bonne route, enfin avec un peu de bitume, quand j'ai rejoins la route Sichuan-tibet car j'en avais un peu marre des routes défoncées... et aussi arriver vite à Tagong prochaine étape un peu plus confortable. 


Mais surprise la 317 est en travaux sur toute sa longueur, les Chinois ne font pas dans la dentelle quand ils s'attaquent à une route, c'est tout ou rien, alors je me retrouve pendant 3 jours à rouler sur du gravier, de la terre, de la boue, des ornières, entre deux camions, passant sous les pelleteuses et en me bouchant les oreilles à cause des klaxons. Je suis complètement dégoûtés, soit je bouffe de la poussière soit je suis aspergé de boue, je ne sais pas quoi je préfère mais c'est génial, en plus, les nuages sont bas, et il pleut à moitié je ne vois donc presque rien... 


Bref, je suis vraiment sur les nerfs, et j'avance tant bien que mal la tête dans le guidon pédalant du matin au soir, car j'en ai ras la casquette maintenant et voudrais bien retrouver un peu de calme et de confort.


Tels des bisons, troupeau de yak dans les immensités...







Je retrouve enfin une route normale, c'est de la rigolade après les différentes pistes que j'ai empruntées, je vais 3 fois plus vite! mais il me reste 150 km afin d'arriver à Tagong, une douche, un vrai lit, internet...


L'envie est trop forte, je décide de les faire d'une seule traite : la plus grosse journée de vélo de toute ma vie, car il y avait deux cols à franchir aux alentours de 4000m alors que j'étais redescendus à 3000, mais aussi de la pluie, du vent... mais j'arrive à bon port après 12 heures de vélo et des petites pauses thé chez les flics ou les gars de la DDE...
 En fait, je ne sais jamais à l'avance le profil de l'étape, car mes cartes (c'est plutôt des schémas!) sont très approximatives, j'ai juste les km entre les principales villes (quand il y en a!), alors j'ai souvent des surprise!!




Tibétan people

 Tagong, petite ville un peu touristique, grâce à son monastère où je retrouve un peu de confort chez Sally, un Anglais qui tient une guesthouse sympa, bizarre de me retrouver là avec d'autre blancs! Connexion internet et là, surprise, pas moyen d'accéder à mes mails... pas possible, me suis fait pirater ma messagerie!!
Difficile aussi d'aller sur Facebook avec cette censure chinoise qui ne sert à rien sinon à faire chier tout le monde!!!
Dur retour à la réalité, il y toujours des petits soucis dont on se passerait bien!!



Déambulation, toujours..

et yaks, toujours...





bébé yak


Josette, vendeuse de beurre de yak


Black tent 

J'adore les grands espaces!!!



 Je reste une journée tranquille puis repars deux jours pour rejoindre Kangding, la grande ville du coin, mais ces deux jours ne furent pas faciles, encore des cols trés haut et raides, à plus de 4000 m, mais surtout un temps de merde, vent horrible de face le premier jour et pluies torrentiels le deuxième jour, je n'ai rien vu du paysage, et en ai réellement bavé pendant la descente du dernier col, complètement trempé et transis de froid et pas un endroit pour s’arrêter, personnes, obligé de marcher, en descente, à coté du vélo pour se réchauffer un peu, le comble!!! le moment le plus dur du voyage.


 Seul réconfort pendant ces deux jours le repas prit chez Roberta et Josianne, qui m'ont offert une bonne tsampa bien chaude car la tsampa, ben j'aime ça! (mais j'ai préféré dormir dans ma tente, malgré l'invitation, plutôt que dans leurs cahute). 
Bref, j'étais bien content d'arriver dans cette ville et de me trouver une auberge pour dormir au sec et me poser un peu avant la dernière ligne droite : direction Chengdu.


Josiane et Roberta, très curieuses ..

Là, j'en ai un peu marre du temps de merde..




Voilou, il me reste 300 km pour relier Chengdu, et bientôt la fin de ce voyage en Chine, de cette belle aventure, mais surtout la fin du trip en bicyclette pour l'instant!!!










En bonus, bientôt une vidéo du trip en vélo, si j'arrive un jour à la charger!!







4 commentaires:

  1. Ouaw. Eh ben.C'est à la fois formidable et très dur ce que tu fais ! Bon courage pour la suite et continue de nous faire rêver.

    RépondreSupprimer
  2. Wahou! Pas grand chose a dire.. C est incroyable ! Et sacre force de caractere, pcq ca a pas l aire drole tout les jours!! Disfruta mi amigo!

    RépondreSupprimer
  3. Bon, salut mon Robin,

    J'attendais mon Gérald pour t'envoyer un coucou, mais là, je me lance... Et oui, tu sais moi et l'informatique, c'est pas mon trip...
    Mais par contre, sache que je te suis, non pas pas à pas, mais avec de grandes enjambées, pas tous les jours, mais je viens te voir, de temps en temps. Tu es beau malgré la difficulté que tu rencontres parfois, mais que tu arrives à franchir, parce que tu en veux, tu as la rage et la volonté d'aller là où tu le voulais. C'est beau!!
    Gérald n'est pas avec moi, mais très souvent on se dit que l'on va t'envoyer un bonjour et un courage, mais tu vois, c'est juste moi pour le moment qui t’envoie plein de tendresse et surtout un grand merci pour la richesse de tes moments vécus que tu nous fais l'honneur de partager.
    On pense à toi, souvent, et on se dit: "alors, il est où là le beau Robin?". Et toi tu traces ta route, tes montagnes, tes rencontres, tes peines, tes peurs, tes joies et surtout tes émerveillements. Vive le voyage, et tu disais tout au début du blog, que l'on avait tous un voyage à faire, alors, bientôt, ce sera peut-être toi qui dira: "alors, ils sont où Elise et Gérald?"... ON T'AIME...Santé!!

    Elise

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. coucou

      hello you, merci pour ton message, fais toujours plaisir quoi!!
      j’espère que vous pétez le feu... j'en doute pas trop..
      bisous à vous
      ne changez rien et à bientôt non de zeus!!

      robin

      Supprimer